Points clés

  • À la fin de l’année 2021, l’emploi au Canada était plus proche de son niveau d’avant la pandémie que l’emploi aux États-Unis, grâce à une reprise plus forte dans de nombreux secteurs d’activité où les salaires sont moyens et élevés.
  • L’accélération de la reprise au Canada se manifeste dans toute une série de groupes démographiques, y compris les parents et les non-parents, et a été favorisée par le passage de travailleurs de différents niveaux de scolarité à des professions mieux rémunérées. 
  • Les offres d’emploi sont bien supérieures aux niveaux d’avant la pandémie, tant au Canada qu’aux États-Unis, mais jusqu’à présent, les États-Unis constatent davantage les effets d’un resserrement du marché du travail, comme la rotation élevée du personnel et la croissance des salaires.
  • Il y a eu une baisse du travail autonome au Canada, mais pas aux États-Unis. 

À l’approche de la fin de l’année 2021, en novembre, le marché du travail canadien était en bien meilleure posture qu’au début de l’année. Les deuxième et troisième vagues de COVID-19 ont freiné la reprise économique, mais ces revers se sont avérés temporaires et l’emploi est aujourd’hui proche de son niveau d’avant la pandémie. La question de savoir si l’écart s’est entièrement comblé dépend de l’ensemble des données sur l’emploi au Canada qui sont utilisées : l’Enquête sur la population active (EPA), plus optimiste, ou l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH), légèrement plus faible.

​​Graphique linéaire intitulé « L'emploi au Canada a connu une solide reprise ».
​​Graphique linéaire intitulé « L’emploi au Canada a connu une solide reprise ». Avec un axe vertical allant
de -25 % à 5 %, Indeed a suivi la variation en pourcentage de l’emploi au Canada le long d’un axe horizontal allant de janvier 2020 à novembre 2021 avec des lignes de couleurs différentes représentant l’Enquête sur la population active et l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail. En novembre 2021, l’emploi est proche de son niveau prépandémique.

Notamment, le rebond de l’emploi au Canada fait également bonne figure par rapport à la reprise américaine.  L’emploi s’est rapproché des niveaux antérieurs à la pandémie au Canada, après avoir chuté de la même manière qu’aux États-Unis au début de la crise. Ce contraste se maintient même après avoir tenu compte de la croissance plus rapide de la population en âge de travailler au Canada depuis le début de 2020. Un examen plus approfondi de la comparaison entre les pays met en évidence des zones de similitude et de différence qui illustrent les principales évolutions du marché du travail canadien depuis le début de la crise, et ce qu’il faut surveiller en 2022. 

Tableau intitulé  « Le Canada est plus proche du niveau d'emploi d'avant la pandémie que les États-Unis ».
Tableau intitulé  « Le Canada est plus proche du niveau d’emploi d’avant la pandémie que les États-Unis ». Indeed a comparé la variation de l’emploi depuis février 2020 entre le Canada et les États-Unis, tant dans les enquêtes menées auprès des ménages que dans celles réalisées auprès des établissements. En novembre 2021, l’emploi canadien se portait mieux que l’emploi américain dans les deux indicateurs. 

Les secteurs d’activité les mieux rémunérés stimulent une reprise plus rapide au Canada

La tendance à une reprise de l’emploi plus rapide au Canada qu’aux États-Unis ne touche pas tous les secteurs. Au contraire, la force relative du Canada provient principalement des secteurs d’activité à salaires moyens et surtout élevés. En octobre, la masse salariale canadienne dans les secteurs d’activité dont la rémunération hebdomadaire moyenne se situe dans le tiers supérieur de la distribution des salaires de 2019 était en hausse de 3,3 % par rapport à son niveau d’avant la pandémie. Les mêmes secteurs aux États-Unis étaient encore en baisse de 1,7 % en novembre. Cet écart reflète une croissance plus forte au Canada dans des domaines tels que les services professionnels et techniques, la finance et la construction, ainsi qu’une faiblesse persistante dans l’administration publique américaine et dans l’exploitation minière et forestière. 

Diagramme à barres intitulé « Les secteurs d'activité à forte rémunération ont connu une croissance plus rapide au Canada ».
Diagramme à barres intitulé « Les secteurs d’activité à forte rémunération ont connu une croissance plus rapide au Canada ». Avec un axe vertical allant de -9 % à 5 %, Indeed a suivi l’évolution de la masse salariale par paliers de rémunération hebdomadaire des secteurs d’activité depuis février 2020 dans les secteurs à faible rémunération, à rémunération moyenne et à forte rémunération, avec des barres de couleurs différentes représentant le Canada
et les États-Unis. En octobre 2021, la masse salariale canadienne dans les secteurs dont la rémunération hebdomadaire moyenne se situe dans le tiers supérieur de la distribution des salaires de 2019 était en hausse
de 3,3 % par rapport à son niveau d’avant la pandémie, tandis que les mêmes secteurs aux États-Unis étaient en baisse de 1,7 % en novembre 2021. 

Les secteurs à salaires moyens ont également été très forts au Canada, bien que dans une moindre mesure. Les rebonds dans les services d’éducation, et surtout dans les soins de santé et l’aide sociale, ont été plus robustes au Canada. Aux États-Unis, l’emploi dans les deux secteurs est toujours en baisse de plus de 3 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie. Pendant ce temps, les emplois manufacturiers sont un peu plus proches des niveaux de février 2020 au Canada.

En revanche, les secteurs à bas salaires connaissent une reprise plus lente au Canada qu’aux États-Unis. Ces données reflètent principalement la faiblesse accrue du secteur canadien des loisirs et de l’hôtellerie, qui comprend l’hébergement et les services de restauration, ainsi que les arts, les divertissements et les loisirs. Bien que les salaires dans le secteur des loisirs et de l’hôtellerie au Canada aient commencé à rattraper ceux des États-Unis l’été dernier, ils étaient encore en baisse de 14 % en octobre par rapport à leurs niveaux de février 2020, comparativement à une baisse de 8 % aux États-Unis en novembre. Quelle est l’explication probable? Les restrictions de santé publique ont été assouplies plus tôt au sud de la frontière. 

Il n’y a pas d’explication claire à la raison pour laquelle les secteurs à salaires moyens et élevés ont davantage rebondi au Canada. Sur certains points, comme la croissance réelle du PIB, la reprise économique a en fait été plus forte aux États-Unis. En outre, bien que la pandémie ait été généralement plus grave aux États-Unis, bon nombre des secteurs les plus directement touchés s’en sont mieux sortis.

Les différences de politique, comme la Subvention salariale d’urgence du Canada, ont pu jouer un rôle, bien que cette subvention ait été largement utilisée dans des secteurs où les salaires canadiens n’étaient pas plus élevés que ceux des États-Unis, notamment dans plusieurs secteurs moins rémunérateurs. Cela dit, pour les secteurs comportant de nombreux emplois dans le secteur public, comme le gouvernement, les soins de santé et l’éducation, les différences dans le mode de financement des services, comme les budgets plus serrés pour les États et les collectivités locales, pourraient avoir contribué à la force relative du Canada. Dans d’autres secteurs, comme celui de la technologie, des tendances différentes en matière de migration étrangère pourraient également stimuler la croissance canadienne.

Les taux d’emploi ont rebondi plus rapidement au Canada dans un éventail de groupes

La reprise plus forte de l’emploi au Canada est évidente dans de nombreux groupes démographiques. Les mères âgées de 25 à 54 ans ayant des enfants de moins de 13 ans constituent un groupe très différent. Le taux d’emploi de ce groupe aux États-Unis est plus éloigné des niveaux d’avant la pandémie que celui des hommes et des femmes sans enfants de la même tranche d’âge, ainsi que des pères d’enfants plus jeunes. Au Canada, la proportion de parents et de non-parents âgés de 25 à 54 ans qui travaillent est plus élevée qu’il y a deux ans. Les mères de jeunes enfants sont à égalité avec les pères pour la plus forte augmentation. Les différences dans l’obtention de services de garde d’enfants pendant la pandémie pourraient contribuer à ce contraste, même si les services de garde d’enfants ont été particulièrement touchés dans de nombreuses régions du Canada. 

Diagramme à barres intitulé « La reprise de l'emploi est plus forte au Canada, surtout pour les mères ».
Diagramme à barres intitulé « La reprise de l’emploi est plus forte au Canada, surtout pour les mères ». Avec un axe horizontal allant de -3 % à 3 %, Indeed a comparé la variation en points de pourcentage du taux d’emploi depuis le début de la pandémie chez les femmes sans jeunes enfants, les hommes sans jeunes enfants, les mères de jeunes enfants et les pères de jeunes enfants âgés de 25 à 54 ans, avec des barres de couleurs différentes représentant les États-Unis et le Canada. En novembre 2021, la proportion de parents et de non-parents canadiens âgés de 25 à 54 ans qui ont un emploi est plus élevée qu’il y a deux ans, les mères de jeunes enfants étant à égalité avec les pères pour la plus forte augmentation de 1,8 point de pourcentage. 

La reprise de l’emploi au Canada a également été relativement généralisée parmi les niveaux de scolarité. Cette diversité reflète en partie le fait que les personnes de différents niveaux de scolarité se sont orientées vers des types d’emplois mieux rémunérés. Par exemple, en novembre dernier, 21 % des personnes âgées de 25 à 54 ans titulaires d’un diplôme d’études secondaires ou moins occupaient des emplois se situant généralement dans le tiers supérieur de l’échelle des salaires, contre 18,7 % deux ans plus tôt. Des changements similaires, quoique moins spectaculaires, se sont produits chez les diplômés de l’université et d’autres établissements d’enseignement postsecondaire. 

Diagramme à barres intitulé « Les professions les mieux rémunérées sont en hausse quel que soit le niveau de scolarité »
Diagramme à barres intitulé « Les professions les mieux rémunérées sont en hausse quel que soit le niveau de scolarité ». Avec un axe vertical allant de -3 % à 3 %, Indeed a comparé la variation en points de pourcentage de la part de l’emploi dans les professions canadiennes par niveau de scolarité, chez les personnes âgées de 25 à 54 ans, entre novembre 2019 et novembre 2021, avec des barres de différentes couleurs représentant les professions à salaires bas, moyens et élevés. En novembre 2021, 21 % des personnes âgées de 25 à 54 ans ayant un diplôme d’études secondaires ou moins travaillaient dans des professions se situant généralement dans le tiers supérieur de l’échelle des salaires, contre 18,7 % deux ans plus tôt.

La capacité de certains membres de la main-d’œuvre canadienne à changer de profession a probablement contribué à accélérer le rythme de la reprise du marché du travail. Cela pourrait également indiquer que certains employeurs embauchent des candidats qu’ils n’auraient pas retenus auparavant, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités de croissance, mais soulevant également des défis potentiels si les nouveaux employés ont besoin d’une plus grande formation en cours d’emploi.

D’autres changements sur le marché du travail en temps de pandémie ont été plus prononcés aux États-Unis. 

La tendance d’embauche des employeurs a bondi bien au-delà de ses niveaux prépandémiques des deux côtés de la frontière. Les offres d’emploi sur Indeed, tant au Canada qu’aux États-Unis, ont chuté au printemps 2020, mais ont progressivement récupéré ces pertes au cours du second semestre de l’année. Puis, au début de 2021, la reprise est passée à la vitesse supérieure. Au début du mois de décembre, les offres d’emploi Indeed dans les deux pays étaient en hausse d’environ 60 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie, ce qui témoigne d’un dynamisme général dans toutes les professions. 

Graphique linéaire intitulé « Les offres d’emploi ont explosé au Canada et aux États-Unis ». Avec un axe vertical allant de -60 % à 80 %, Indeed a suivi la variation en pourcentage des offres d’emploi sur Indeed, corrigée des variations saisonnières, le long d’un axe horizontal allant de février 2020 à décembre 2021, avec des lignes de couleurs différentes représentant le Canada et les États-Unis. En date du 3 décembre 2021, les offres d’emploi au Canada avaient augmenté de 61 % depuis le 1er février 2020, alors qu’elles étaient en hausse de 58 % aux États-Unis.

Si la demande des employeurs a rebondi de la même manière par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie, les répercussions ont été beaucoup plus ressenties aux États-Unis. La croissance des salaires au Canada a bien résisté en 2020, selon l’indice à pondération fixe des gains horaires de l’EERH. Les augmentations salariales se sont ensuite refroidies au début de l’année, avant de se redresser au cours du troisième trimestre 2021 pour atteindre 2,6 % en glissement annuel. Aux États-Unis, la croissance des salaires a augmenté beaucoup plus rapidement, surtout récemment. Selon l’indice du coût de l’emploi du Bureau of Labor Statistics, les salaires horaires des travailleurs du secteur privé ont augmenté de 4,6 % en glissement annuel au troisième trimestre. Les salaires dans le secteur américain des loisirs et de l’hôtellerie ont encore plus augmenté

Graphique linéaire intitulé « La croissance des salaires a décollé aux États-Unis, mais pas encore au Canada ».
Graphique linéaire intitulé « La croissance des salaires a décollé aux États-Unis, mais pas encore au Canada ». Avec un axe vertical allant de 0 % à 5 %, Indeed a suivi la variation en pourcentage de la croissance des salaires corrigée de la composition le long d’un axe horizontal allant du premier trimestre 2016 au troisième trimestre 2021 avec des lignes de couleurs différentes représentant le Canada et les États-Unis. Au troisième trimestre de 2021, les salaires ont augmenté de 4,6 % en glissement annuel aux États-Unis, contre une augmentation de 2,6 % au Canada. 

Un changement connexe, plus évident aux États-Unis, est la vitesse à laquelle les travailleurs passent d’un emploi à l’autre. Alors que la proportion de travailleurs qui changent d’emploi au cours d’un mois donné a connu un rebond important aux États-Unis, le taux de changement d’emploi au Canada a été relativement faible cette année, ne montrant un peu de vigueur que vers la fin de l’année. L’augmentation du nombre de travailleurs américains quittant leur emploi est visible dans toute une série de secteurs, mais le taux de démission a particulièrement augmenté dans plusieurs secteurs à faibles salaires

L’accélération de la croissance des salaires et l’augmentation de la mobilité professionnelle aux États-Unis soulèvent la question de la poule et de l’œuf. L’augmentation du nombre de changements d’emploi pourrait inciter les employeurs à augmenter les salaires pour conserver leur personnel. Par ailleurs, si les travailleurs changent d’emploi, c’est notamment parce qu’ils obtiennent de meilleurs salaires ailleurs. Les employeurs américains sur Indeed sont souvent plus agressifs que leurs homologues canadiens en offrant des avantages comme des primes à la signature.

Le travail autonome évolue différemment 

Le Canada et les États-Unis présentent également des tendances contrastées en matière de travail autonome. Au Canada, le travail autonome a reculé alors que le marché du travail global s’est redressé. Une partie de cette baisse est probablement due au fait que les travailleurs quittent le travail autonome pour trouver des emplois traditionnels plus abondants. En revanche, malgré l’augmentation des offres d’emploi, le nombre d’emplois autonomes aux États-Unis cette année est supérieur aux niveaux antérieurs à la pandémie. 

Graphique linéaire intitulé « Les États-Unis n'ont pas connu le déclin de l'emploi autonome du Canada ».
Graphique linéaire intitulé « Les États-Unis n’ont pas connu le déclin de l’emploi autonome du Canada ».
Avec un axe vertical allant de -12 % à 6 %, Indeed a suivi la variation en pourcentage du travail autonome depuis novembre 2019 le long d’un axe horizontal allant de janvier 2019 à novembre 2021, avec des lignes de couleurs différentes représentant les États-Unis et le Canada. En novembre 2021, les États-Unis ont connu une augmentation du travail autonome de 2,8 %, contre une diminution de -8,6 % au Canada. 

Que peut nous apprendre la comparaison avec les États-Unis sur l’année à venir au Canada?

La reprise du marché du travail au Canada est en avance sur celle des États-Unis sur certains points et en retard sur d’autres. Les niveaux d’emploi dans plusieurs secteurs à salaires moyens et élevés se portent relativement bien. La principale question qui se pose pour l’année à venir n’est pas de savoir s’il y aura une reprise, mais plutôt si les facteurs qui ont entraîné une solide croissance de l’emploi peuvent stimuler davantage l’embauche. 

À l’extrémité inférieure de l’échelle des salaires au Canada, des secteurs comme les loisirs et l’hôtellerie ont encore du chemin à parcourir pour rattraper les États-Unis, sans parler d’une reprise complète. La dernière flambée des cas de COVID-19 au Canada et les restrictions de santé publique qui en découlent laissent penser que certains progrès récents vont s’inverser à court terme. 

À plus long terme, l’ampleur du rebond dépendra également de l’intérêt que les chercheurs d’emploi porteront aux postes moins bien rémunérés. Selon le sondage sur la recherche d’emploi d’Indeed, la recherche urgente d’un emploi parmi les chômeurs canadiens a augmenté depuis que la Prestation canadienne de la relance économique a pris fin à la fin octobre. Toutefois, la baisse de l’intérêt relatif des chercheurs d’emploi par poste dans plusieurs catégories d’emplois moins rémunérés et non éloignés n’a guère été inversée par rapport au début de la pandémie. 

L’une des principales questions qui se posent pour l’année à venir est de savoir si le Canada suivra l’exemple des États-Unis en ce qui concerne la croissance des salaires et les changements d’emploi, en particulier dans les secteurs les moins bien rémunérés du marché du travail. Les conséquences pourraient être importantes, pour les ménages en période d’inflation élevée et de diminution des aides publiques, et pour les responsables de la politique monétaire et fiscale.