Que les Canadiens aient commencé ou non leur magasinage des fêtes, les employeurs, eux, se préparent déjà à la hausse de l’achalandage. Traditionnellement, les ventes au détail au Canada – à l’exception des véhicules motorisés et de l’essence – culminent en décembre avant de retomber en janvier. Pour suivre cette tendance de consommation, sans oublier le remplacement des employés en vacances pendant les fêtes, de nombreux détaillants et autres employeurs se lancent dans une frénésie d’embauche.
Nous avons utilisé les données d’affichage d’emplois d’Indeed afin de cibler les « emplois pour les fêtes », c’est‑à‑dire ceux qui contiennent des mots comme « Noël », « fêtes » et « saisonnier » dans leur titre. Ces données nous ont permis de comparer l’activité d’affichage de postes de cette année à celle des années passées et de déterminer quels types d’employeurs recrutent le plus pour la période des fêtes.
À la mi‑novembre, les offres d’emploi pour les fêtes en proportion de l’ensemble des offres affichées au pays étaient en baisse de 16 % par rapport à la même période l’année dernière. Ce recul reflète le début tardif de la saison d’embauche. De fait, les affichages de postes ont commencé à affluer en septembre, un mois plus tard que les années précédentes, mais cette activité tardive n’a pas suffi à compenser le lent départ.
La tendance vers le magasinage en ligne sera appelée à moduler progressivement l’embauche saisonnière. Son incidence sur les variations d’une année à l’autre, reste cependant floue pour le moment. Alors qu’il y a moins d’offres emploi affichées pour la période des fêtes, celles qui le sont visent de plus en plus à pourvoir des postes à temps plein. Comme le resserrement du marché du travail au pays rend plus difficile l’embauche de personnel, certains employeurs pourraient avoir décidé d’offrir moins de postes, mais de faire faire plus d’heures à leurs nouveaux employés.
Les affichages de postes pour les fêtes ont commencé à affluer en septembre et non en août comme les années précédentes
Ces dernières années, les affichages de postes pour les fêtes sur Indeed suivaient la même tendance : ils commençaient tôt en août, accéléraient en septembre et atteignaient un pic début novembre – habituellement un niveau de quatre à cinq fois plus élevé, en pourcentage de l’activité totale, que celui du début de juillet. Ensuite, leur nombre diminuait graduellement.
Cette année, ce processus a été plus condensé. En 2016 et en 2017, la proportion des emplois pour les fêtes, sur l’ensemble des emplois affichés au pays, avait presque doublé au cours des six semaines précédant le mois de septembre. Cette année, elle est restée stable jusqu’à la fin du mois d’août. Ce départ tardif n’est pas un phénomène unique au Canada. En effet, aux États-Unis aussi, l’affichage de postes pour les fêtes a commencé plus tard cette année qu’en 2017 (article en anglais seulement).
Bien que l’affichage ait d’abord piétiné, le rythme lent n’a pas duré. Les affichages ont bondi au début de septembre et, à la fin du même mois, ils en étaient au même point que l’an dernier. Ils ont ensuite atteint un sommet vers la fin octobre, à peu près en même temps que l’an dernier, et ont ralenti depuis.
Même si elle a fini par rejoindre la proportion de l’activité quotidienne de 2017, la proportion de 2018 des affichages d’emploi pour les fêtes, pour la période allant d’août à la mi‑novembre, est en baisse de 16 % par rapport à l’an dernier. Comme les affichages ont commencé à augmenter un mois plus tard qu’à l’habitude, il aurait fallu que l’activité dépasse largement le niveau d’octobre de l’an dernier pour la saison d’embauche dans son ensemble égale celle de 2017.
Le repli du marché du travail au pays pourrait faire augmenter les offres d’emploi à temps plein pour les fêtes
L’un des facteurs qui pourraient expliquer la baisse de l’affichage de postes pour les fêtes au Canada est la part croissante des offres d’emplois à temps plein. Ainsi, le nombre total d’heures dont les employeurs ont besoin est probablement plus semblable à celui de l’an dernier que ne le laisse croire la baisse du nombre de postes affichés.
En 2016, de tous les postes affichés pour la période des fêtes d’août à la mi‑novembre, seulement 23 % étaient des postes à temps plein. Cette proportion était de 28 % en 2017 et elle a atteint 31 % cette année.
Selon Statistique Canada, les travailleurs à temps plein dans des postes de vente ou de service à la clientèle – qui représente la majorité des postes offerts pour les fêtes – travaillent habituellement plus du double des heures des travailleurs à temps partiel. Au lieu d’embaucher en plus grand nombre des travailleurs, dont les quarts sont relativement courts, certains employeurs semblent vouloir plutôt embaucher moins de personnes et leur faire faire davantage d’heures.
La récente « Enquête sur les postes vacants et les salaires » de Statistique Canada relève une tendance semblable. La proportion des postes vacants pour des emplois en vente et en service à la clientèle à temps plein était de 55 % au deuxième trimestre de 2018, soit 7 points de pourcentage de plus que deux ans auparavant. Alors que les employeurs constatent que les pénuries de main‑d’œuvre s’intensifient, il n’est pas étonnant qu’un nombre accru d’entre eux cherche à maximiser le volume de travail qui peut être accompli par de nouveaux employés.
Les grands détaillants mènent le bal de l’embauche pour les fêtes
Comme la majorité des postes affichés pour la période des fêtes concernent la vente au détail ou des rôles connexes, il n’est pas étonnant que ce soit les grands détaillants qui aient le plus de postes à pourvoir. En outre, les magasins qui cherchent le plus à embaucher pour la période des fêtes tendent à se spécialiser dans les catégories où les ventes sont généralement les plus élevées en décembre.
Chacune des quatre grandes catégories du commerce de détail qui, selon Statistique Canada, connaissent habituellement les plus fortes hausses des ventes d’octobre à décembre sont représentées dans le classement 2018 des cinq principaux employeurs qui embauchent pour les fêtes : la Compagnie de la Baie d’Hudson (marchandises diverses, vêtements et accessoires), La Source (électronique), Indigo (livres et musique) et Old Navy (vêtements).
BC Liquor Stores complète ce classement, les ventes enregistrant de fortes hausses dans les magasins de bière, de vin et de spiritueux à cette période de l’année (LCBO se classe 17e). Enfin, les deux employeurs qui ne sont pas des détaillants et qui se classent parmi les dix principaux employeurs à embaucher pour les fêtes cherchent peut-être à pourvoir les postes les plus emblématiques : Cherry Hill Programs est l’un des principaux employeurs de pères Noël au pays, tandis que Vail Resorts exploite la station de ski Whistler Blackcomb.
Le commerce électronique prend de l’ampleur, mais jusqu’à maintenant son influence sur l’embauche pour la période des fêtes est incertaine
Le commerce électronique joue un rôle de plus en plus important dans le commerce de détail, surtout à l’approche des fêtes. Ces deux dernières années, les ventes virtuelles au Canada ont grimpé d’octobre à décembre, même plus que celles des magasins physiques. Cela dit, l’incidence de ce virage électronique sur l’embauche pour la période des fêtes d’une année à l’autre semble jusqu’à maintenant graduelle.
La proportion des ventes virtuelles de l’ensemble des ventes de détail – produits automobiles et essence exclus – de novembre à décembre est passée de 4,7 % en 2016 à 5,4 % l’an dernier, une hausse qui pourrait suffire à influencer les habitudes d’embauche des détaillants, mais qui semble encore trop faible pour entraîner une baisse radicale. De fait, la proportion d’emplois affichés pour les fêtes en 2017 était en fait en hausse par rapport à l’année précédente. Un des facteurs favorisant le maintien de l’embauche saisonnière est que de nombreux consommateurs continuent de parcourir les allées des magasins (article en anglais) avant d’acheter en ligne.
Les offres d’emploi des fêtes en proportion de l’activité totale d’embauche sur Indeed sont un peu en baisse cette saison. Néanmoins, après un départ lent, elles ont rattrapé celles des années précédentes. De plus, la baisse de cette année est partiellement compensée par la hausse de l’offre d’emplois à temps plein, qui donne à penser que de nombreux employeurs ont beaucoup de quarts à pourvoir. On doit cependant s’attendre à ce que la popularité croissante du commerce en ligne freine l’embauche dans le commerce de détail au cours des prochaines années. Cela dit, ce n’est quand même pas demain la veille que vous n’aurez plus à faire la file pour rencontrer le père Noël au centre commercial!
Méthodologie
Pour relever les emplois pour la période des fêtes, nous avons retenu les affichages dont le titre contenait l’un des termes suivants : Christmas, Xmas, Santa, elf, holiday, seasonal, advent, Noël, Lutin, fêtes, saisonnier et avent. De ce groupe, nous avons exclu ceux dont le titre contenait aussi l’un des termes suivants : labourer, educator, wedding, grounds, groundsperson, farm, ouvrier, éducateur, mariage, terrains, personne sur le terrain et ferme.
Nous avons relevé quotidiennement la proportion de l’activité d’affichage au Canada que représentaient les affichages de postes pour les fêtes, d’après une moyenne mobile centrée sur sept jours. Les affichages ont été comptabilisés du 1er août au 11 novembre pour le calcul de l’activité pour l’ensemble de la saison d’embauche pour les fêtes. Seules les offres dans lesquelles l’on précisait rechercher des employés à temps plein ou à temps partiel ont été incluses dans le calcul de la proportion des offres affichées pour du temps plein.