L’année 2019 se clôt sur un bilan mitigé sur le marché du travail, alors que 2020 devrait être cruciale pour la promesse du chef de l’Etat de ramener le chômage à 7 % en 2022.
Sur un an, le chômage baisse de 0,5 point, passant de 9,1 % de la population active à 8,6 % au troisième trimestre 2019. Dans le même temps, le taux d’activité aura chuté de 0,7 point, principalement pour les jeunes de 15 à 24 ans (-1,5 point) et pour les 25-49 ans (-0,6 point). Si ces deux taux continuent à baisser concomitamment, il est à craindre que la baisse du chômage soit en réalité un processus d’exclusion des chômeurs les plus éloignés de l’emploi, qui basculent dans l’inactivité et souvent l’aide sociale. Une telle dynamique n’est évidemment souhaitable ni pour l’activité économique, ni pour l’équilibre des finances publiques et le financement du système de protection sociale.
Pourtant, les réformes et les allègements de charges entrepris depuis le quinquennat précédent ont bien permis à l’économie française de créer des emplois (plus de 263 000 sur un an au troisième trimestre 2019), malgré la faiblesse relative de la croissance (estimée entre 1,2 % et 1,3 % en 2019). La « qualité » de ces emplois créés reste une inconnue. Beaucoup d’employeurs sont en effet incités par les dispositifs d’allégement de charges à créer des emplois rémunérés aux alentours du SMIC, ce qui, outre leur faible attractivité, pose le risque d’une spécialisation du marché du travail français sur des postes faiblement qualifiés. La productivité et la croissance future s’en trouveraient menacés, et par conséquent aussi la capacité de l’économie française à créer des emplois durables et adaptés à l’économie numérique.
D’autre part, certains problèmes structurels demeurent, notamment ceux que nous avons soulignés dans notre rapport publié en septembre. D’abord le logement et la mobilité, qui sont aux coeurs des enjeux de l’emploi, mais qui restent malheureusement négligés par les politiques publiques comme par les entreprises. Ensuite, celui des prélèvements obligatoires sur le travail, pour lesquels la France affiche un taux bien supérieur à la moyenne européenne. Et celui enfin des réglementations professionnelles dans un certain nombre de secteurs, au sujet duquel France Stratégie a cru bon de publier un étude qui vient désormais s’ajouter à la longue liste qu’a inaugurée le rapport Armand-Rueff en 1960.
L’année 2020 devrait être marquée par la réforme des retraites, qui pose le problème plus large de la protection sociale des actifs aux carrières heurtées (parmi lesquels on trouve beaucoup de femmes, des polypensionnés ou encore des indépendants « freelance »). L’objectif de 7 % de chômage en 2022 paraît certes atteignable, mais il ne signifiera plus grand chose s’il continue de s’accompagner d’une réduction importante du taux d’activité, qui placera durablement le pays parmi ceux qui sont le moins actifs de la zone euro. L’année prochaine devrait aussi être cruciale pour certaines innovations sur le marché du travail. C’est le cas de l’application « Mon compte formation », dont le déploiement permettra peut-être de combler plus aisément les besoins des entreprises en formant mieux certains demandeurs d’emplois, ou encore du sort de l’expérimentation « territoires zéro chômeurs de longue durée », dont l’objectif est de fournir un travail d’intérêt général à des chômeurs souvent très éloignés de l’emploi dans des territoires où les services publics sont parfois insuffisants. Ce dernier dispositif a été récemment au coeur d’une polémique en raison de son coût.