Afin de suivre précisément les conséquences de la pandémie sur le marché du travail, cet article est régulièrement mis à jour. 

Le volume d’offres d’emploi (une mesure en temps réel de l’activité du marché du travail, corrigée des variations saisonnières) était de 39,6 % supérieur à son niveau de référence pré-pandémie du 1er février 2020 au 22 avril 2022, en augmentation sensible par rapport à notre point du 18 mars (+4,2 points). Après avoir faibli sur la deuxième moitié du mois de novembre, le volume d’offres d’emploi sur Indeed en France poursuit sa croissance, malgré l’incertitude due au contexte international. Rappelons qu’au plus fort de la crise, le volume d’offres avait atteint un point bas à -42,5 % après le premier déconfinement, avant d’entamer sa reprise, pour brièvement rechuter au moment du deuxième confinement en novembre 2020. La comparaison avec d’autres économies développées montre que la France connaît toutefois un redressement assez lent par rapport à l’Allemagne (+55 %), au Royaume-Uni (+46 %), aux États-Unis (+ 55,3 %) ou au Canada (+71,5 %).

Dans l’ensemble, les professions dites « essentielles » (santé, soins à domicile, transport, logistique, sécurité) affichent toujours des progressions importantes, avec un volume d’offres en augmentation de 72,2 % en moyenne par rapport au 1er février 2020. Mais les recrutements dans les métiers du tourisme et de la restauration sont à présent les plus dynamiques : dans le sillage de la levée des restrictions sanitaires, leur volume est en augmentation de 73,8 % par rapport au 1er février 2020. Les recrutements dans les métiers du bâtiment et de l’habitat (essentiellement composés de l’architecture, de la construction, de l’installation et de la maintenance et de l’immobilier) reculent sur les dernières semaines, d’où une progression de 14,5 % par rapport à l’avant crise, contre 32,1 % pour le reste des professions « non essentielles » qui poursuivent sur leur lancée.  

Le graphique en courbes illustre l’évolution, par rapport à la référence du 1er février 2020
Le graphique en courbes illustre l’évolution, par rapport à la référence du 1er février 2020, du volume d’offres d’emploi (en abscisses) en fonction du temps (en ordonnées), jusqu’au 22 avril 2022. Les courbes individuelles représentent les secteurs : les professions « essentielles », les métiers du bâtiment et de l’habitat, les métiers du tourisme et de la restauration, ainsi que les autres professions dites « non essentielles ». Les données, corrigées des variations saisonnières, proviennent d’Indeed.

Dans le détail, des disparités toujours importantes persistent selon les métiers. Les recrutements dans les armées voient leur volume multiplié par plus de 3 par rapport à l’avant crise grâce à une forte augmentation sur les dernières semaines. Certains métiers de la santé (les soins personnels et à domicile, les soins infirmiers, la pharmacie) et les métiers de la propreté et de l’hygiène affichent toujours un volume d’annonces plus de deux fois supérieur à celui d’avant crise. À l’inverse, les recrutements dans l’architecture, les sciences humaines et sociales, le support informatique ou l’ingénierie mécanique et chimique pâtissent toujours de la crise, avec des volumes en baisse ou en berne. Sur un an glissant, ce sont les métiers de l’hôtellerie-restauration, de l’aérien et des soins personnels et à domicile qui ont le plus augmenté leur volume de projets de recrutements. 

Ces tableaux illustrent la reprise inégale des projets de recrutement selon les métiers par les annonces sur Indeed au 22 avril 2022. Les tableaux à gauche indiquent les métiers pour lesquels les recrutements reprennent le plus fortement, avec la variation du volume d’annonces sur les deux dernières semaines, sur un an glissant et par rapport au 1er février 2020. Les tableaux à gauche listent ces mêmes indicateurs pour les métiers dans lesquels les recrutements restent en baisse ou progressent le moins. Les données, corrigées des variations saisonnières, proviennent d’Indeed.

Cette modification de la demande de travail des entreprises change logiquement le rapport de force entre candidats et recruteurs sur certains segments du marché du travail. Les clics par annonce relatifs, c’est-à-dire corrigés de la tendance générale (voir la méthodologie en fin d’article), baissent fortement par rapport au 1er février 2020 dans les métiers des soins personnels et à domicile, de l’immobilier ou encore de la vente de détail, signe que l’intérêt des candidats ne suit pas l’accroissement du volume d’offres et que donc la « tension » sur ces métiers s’accroît. À l’inverse, les métiers de l’ingénierie affichent des progressions de clics par annonce importantes, alors que l’on observe une reprise timide du volume d’annonce. Pour autant, certains métiers ont vu leur attractivité relative augmenter avec la crise : les métiers faisant appel aux mathématiques et aux statistiques (« data scientist » notamment) affichent par exemple des progressions importantes du taux de clics par annonce relatif depuis le 1er février 2020 malgré un accroissement des tensions sur l’année écoulée, alors que leur volume d’offres progresse de 8 % par rapport à avant la crise. Sur un an glissant, les tensions se sont en outre particulièrement accrues dans les ressources humaines et l’ingénierie.

Ces tableaux illustrent la modification, relativement à la moyenne, du rapport de force entre candidats et recruteurs depuis le début de la pandémie selon les métiers par les clics par annonce relatifs sur Indeed au 22 avril 2022.
Ces tableaux illustrent la modification, relativement à la moyenne, du rapport de force entre candidats et recruteurs depuis le début de la pandémie selon les métiers par les clics par annonce relatifs sur Indeed au 22 avril 2022. Les tableaux à gauche indiquent les métiers pour lesquels les clics par annonce relatifs baissent le plus fortement, avec la variation sur les deux dernières semaines, sur un an glissant et par rapport au 1er février 2020. Les tableaux à gauche listent ces mêmes indicateurs pour les métiers dans lesquels les clics par annonce relatifs augmentent le plus. Les données, corrigées des variations saisonnières, proviennent d’Indeed.

Enfin, le contraste en termes de volume d’offres entre l’Île-de-France et le reste du pays persiste, puisque la région francilienne affiche une hausse de 23,2 % par rapport à l’avant crise, très loin des 39,6 % de progression du volume total des offres.

Méthodologie

Tous les chiffres de ce blog correspondent à l’évolution en pourcentage du volume d’offres d’emploi (corrigé des variations saisonnières et lissé avec une moyenne mobile sur sept jours) depuis le 1er février 2020 (notre référence pré-pandémie). Les variations saisonnières de chaque série sont corrigées en fonction des tendances historiques de 2017, 2018 et 2019. Chaque série (nationale, sectorielle ou régionale) est désaisonnalisée séparément. Cette méthodologie, adoptée en janvier 2021, est utilisée pour déclarer toutes les données historiques, qui peuvent donc s’écarter de manière significative des valeurs déclarées avant janvier 2021. Les séries de données sont téléchargeables sur GitHub.

Le taux de clics par annonce relatif permet d’évaluer l’évolution de l’intérêt des chercheurs d’emploi pour une catégorie de métiers, par rapport à la tendance nationale et à la référence pré-pandémie du 1er février 2020. Le taux de clics par annonce relatifs est le quotient du nombre moyen de clics par offre d’emploi pour chaque catégorie de métiers par rapport à la référence pré-pandémie, et du nombre total de clics par offre d’emploi par rapport à la référence pré-pandémie.

Le nombre d’offres d’emploi publiées sur Indeed.com, pour des emplois rémunérés ou non, n’est pas indicatif des revenus ou des bénéfices potentiels d’Indeed, qui constituent une proportion importante du segment « HR Technology » de sa société mère Recruit Holdings Co., Ltd. Le nombre d’offres d’emploi est fourni à titre d’information uniquement et ne doit pas être considéré comme un indicateur de performance d’Indeed ou de Recruit. Veuillez vous reporter au site web des relations avec les investisseurs de Recruit Holdings et aux documents réglementaires déposés au Japon pour obtenir des informations plus détaillées sur la génération de revenus du segment « HR Technology » de Recruit.