• Le marché du travail canadien a connu un ralentissement en 2023, malgré un départ solide. Les publications d’offres d’emploi au Canada ont diminué régulièrement et étaient en baisse de 29 % en glissement annuel à la mi-novembre, ce qui a contribué à ralentir le rythme des embauches.
  • Selon les prévisions, la croissance devrait rester faible, mais une montée en flèche du chômage pourrait encore être évitée si les taux de licenciements, inférieurs de 24 % à leur moyenne d’avant la pandémie au mois d’octobre, restent bas. 
  • L’intérêt marqué des étrangers en dehors du Canada pour les publications d’offres d’emploi canadiennes semble indiquer que la croissance démographique restera élevée, mais incertaine, pour des raisons à la fois politiques et économiques.
  • La croissance des salaires s’est maintenue à un niveau relativement élevé malgré le déclin de certains de ses catalyseurs sous-jacents. En octobre, le suivi des salaires sur Indeed indique une croissance des salaires de 4,4 % en glissement annuel. Toutefois, il sera probablement difficile de récupérer le pouvoir d’achat résultant de la hausse antérieure de l’inflation. 
  • La manière dont le marché s’adaptera aux nouveaux outils d’intelligence artificielle et les mettra en œuvre marquera la principale tendance structurelle à suivre en 2024. Cela inclut la contribution de la technologie canadienne au développement des outils eux-mêmes, comme en témoigne la part faible, mais croissante des publications d’offres d’emploi mentionnant l’intelligence artificielle générative et, surtout, son application potentielle à grande échelle sur le marché de l’emploi. 

Selon plusieurs indicateurs, le marché du travail au Canada a commencé l’année 2023 sur des bases exceptionnelles. Depuis, le climat est devenu moins favorable, dans la mesure où l’économie s’est ralentie et où les offres d’emploi ont continué à se stabiliser après avoir connu une forte augmentation. Compte tenu de ce contexte, nous vous proposons de découvrir les principales tendances susceptibles de façonner le marché de l’emploi au Canada en 2024 :

  1. La volonté d’embaucher pourrait encore faiblir, mais une augmentation des licenciements et du chômage peut être évitée si l’économie ne bascule pas dans une récession.
  2. La croissance démographique due à l’immigration semble rester élevée après une année record, ce qui se traduira par une augmentation de la population active, bien que le rythme final à venir soit très incertain.
  3. La croissance des salaires nominaux est restée forte même si certains de ses catalyseurs sous-jacents ont perdu de leur intensité. Les salaires ajustés en fonction du taux d’inflation ont connu une légère hausse récemment, mais pour continuer à progresser, il faudra une autre « désinflation immaculée », qui pourrait s’avérer plus difficile à obtenir en 2024. 
  4. Bien qu’il soit encore tôt pour le dire, les effets de l’intelligence artificielle générative, tant dans le secteur technologique que dans l’économie au sens large, deviendront probablement plus perceptibles au cours de l’année à venir. 

Le chômage est en légère hausse

L’économie canadienne a marqué le pas au milieu de l’année 2023 et le marché du travail en a été quelque peu affecté. Selon l’Enquête sur la population active (EPA), l’emploi a augmenté de 0,8 % (1,6 % en rythme annualisé) au cours des six mois précédant le mois d’octobre, soit deux fois moins que la croissance démographique au cours de la même période. En conséquence, le taux de chômage est passé d’un niveau bas presque record de 5 % au 1er trimestre 2023 à 5,7 % en octobre. De même, bien qu’il reste faible, le nombre de bénéficiaires de prestations régulières d’assurance-emploi a augmenté depuis le début de l’année.

Le graphique linéaire intitulé « Le taux de chômage au Canada reste faible, mais augmente progressivement » indique le taux de chômage au Canada entre juillet 2016 et octobre 2023. Celui-ci a légèrement augmenté au cours des derniers mois pour atteindre un niveau toujours bas de 5,7 %. Pourtant, au début de l'année, il était de 5 %.
Le graphique linéaire intitulé « Le taux de chômage au Canada reste faible, mais augmente progressivement » indique le taux de chômage au Canada entre juillet 2016 et octobre 2023. Celui-ci a légèrement augmenté au cours des derniers mois pour atteindre un niveau toujours bas de 5,7 %. Pourtant, au début de l’année, il était de 5 %.

La plupart des indicateurs du marché du travail semblent encore solides au regard des normes historiques, mais ils ont évolué dans la mauvaise direction. Ci-dessous, nous examinerons plus en détail les tendances qui, selon nous, animeront le marché en 2024.

  1. Peut-on parler de récession?

Le PIB et l’emploi ne suivent peut-être pas le même rythme, mais ils restent inextricablement liés. La principale question qui se pose pour le marché du travail en 2024 est de savoir si l’économie dans son ensemble continuera à se maintenir à un niveau de croissance proche de zéro ou si elle se détériorera davantage. Les prévisionnistes s’attendent en général à la première option, mais de nombreux ménages et entreprises déclarent dans des sondages qu’ils craignent que les effets du cycle de hausse des taux ne se soient pas encore fait pleinement sentir. 

Si cette situation se maintient, il est probable que l’activité de recrutement des employeurs diminue une fois de plus. Les postes vacants selon Statistique Canada tout comme les publications d’offres d’emploi canadiennes sur Indeed ont diminué tout au long de l’année 2023 dans la plupart des secteurs, et étaient en baisse de 26 % et de 29 % en glissement annuel en août et à la mi-novembre, respectivement. Les publications d’offres d’emploi dépassent toujours de 17 % les niveaux antérieurs à la pandémie, en raison du pic exceptionnellement élevé atteint au début de 2022 et de la baisse relativement progressive observée depuis. Toutefois, rien ne laisse présager un renversement de la tendance à court terme.

Le graphique linéaire intitulé « Le nombre de postes vacants au Canada continue de baisser » illustre la variation en pourcentage des postes vacants au Canada entre février 2020 et août 2023 ainsi que la variation des publications d'offres d'emploi canadiennes sur Indeed entre février 2020 et novembre 2023. Les postes vacants et les offres d'emploi n'ont cessé de diminuer depuis le milieu de l'année 2022, bien qu'ils restent légèrement supérieurs aux niveaux d'avant la pandémie. 
Le graphique linéaire intitulé « Le nombre de postes vacants au Canada continue de baisser » illustre la variation en pourcentage des postes vacants au Canada entre février 2020 et août 2023 ainsi que la variation des publications d’offres d’emploi canadiennes sur Indeed entre février 2020 et novembre 2023. Les postes vacants et les offres d’emploi n’ont cessé de diminuer depuis le milieu de l’année 2022, bien qu’ils restent légèrement supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie. 

Si la baisse des publications d’offres d’emploi sur Indeed s’est généralisée, elle s’est avérée plus prononcée dans certains secteurs. Au début du mois de novembre, bon nombre des emplois ayant enregistré les plus fortes baisses d’offres par rapport à l’année précédente relevaient de domaines liés à la technologie, comme le développement de logiciels, les opérations informatiques et la conception de l’information. Parmi les autres secteurs ayant enregistré des baisses importantes, on peut citer les transports, la manutention et l’entreposage ainsi que la restauration, les deux derniers étant partis de niveaux assez élevés. 

Le tableau intitulé « Les publications d'offres d'emploi sont en forte baisse dans le domaine de la technologie, tout comme dans d'autres secteurs, tandis que les soins de santé se maintiennent à un niveau élevé » énumère les 10 secteurs qui ont connu les plus fortes baisses de publications d'offres d'emploi en glissement annuel au 17 novembre 2023 ainsi que les 10 professions qui ont enregistré les baisses (ou les augmentations) les plus faibles. Les domaines liés à la technologie, comme le développement de logiciels et les opérations informatiques, ont connu la plus forte baisse. Cependant, les secteurs de la restauration, des transports, de la manutention et de l'entreposage n'ont pas été épargnés. 
Le tableau intitulé « Les publications d’offres d’emploi sont en forte baisse dans le domaine de la technologie, tout comme dans d’autres secteurs, tandis que les soins de santé se maintiennent à un niveau élevé » énumère les 10 secteurs qui ont connu les plus fortes baisses de publications d’offres d’emploi en glissement annuel au 17 novembre 2023 ainsi que les 10 professions qui ont enregistré les baisses (ou les augmentations) les plus faibles. Les domaines liés à la technologie, comme le développement de logiciels et les opérations informatiques, ont connu la plus forte baisse. Cependant, les secteurs de la restauration, des transports, de la manutention et de l’entreposage n’ont pas été épargnés. 

La volonté d’embaucher est restée plus stable au cours de l’année écoulée dans les secteurs de la santé et de l’éducation. La demande des ménages pour ces services est moins cyclique que celle d’autres secteurs, et dépend plutôt d’autres facteurs comme le vieillissement de la population. Le secteur public étant très impliqué dans ces deux domaines, le pessimisme du secteur privé ne fait pas baisser la demande des employeurs autant que dans le reste de l’économie. 

La baisse générale des activités de recrutement a déjà eu des effets subtils sur le marché du travail. Le taux de nouveaux emplois créés reste faible depuis février, la durée moyenne du chômage a augmenté et les taux d’emploi des jeunes ont baissé. Pour éviter que la situation ne déraille, les taux de licenciements et de renvois sont restés bas : en octobre, d’après l’Enquête sur la population active, ils étaient inférieurs de 24 % à leur niveau de 2017 à 2019. Cela dit, un ralentissement économique plus important ferait probablement grimper le nombre de pertes d’emplois. Ainsi, les licenciements seront un indicateur clé à surveiller en 2024.

Dans le graphique linéaire à deux panneaux intitulé « Le taux d'embauche et de licenciement a été faible en 2023 », le panneau de gauche indique le taux mensuel de nouvelles embauches et le panneau de droite le taux mensuel de licenciements et de renvois. Chaque panneau contient trois lignes, représentant le taux mensuel respectif pour 2022 et 2023 ainsi que la moyenne entre 2017 et 2019. Depuis février 2023, le taux de nouvelles embauches est inférieur aux moyennes de 2022 et de 2017 à 2019, tandis que le taux de licenciements est similaire en 2022 et 2023, et bien en dessous de la moyenne de 2017 à 2019. 
Dans le graphique linéaire à deux panneaux intitulé « Le taux d’embauche et de licenciement a été faible en 2023 », le panneau de gauche indique le taux mensuel de nouvelles embauches et le panneau de droite le taux mensuel de licenciements et de renvois. Chaque panneau contient trois lignes, représentant le taux mensuel respectif pour 2022 et 2023 ainsi que la moyenne entre 2017 et 2019. Depuis février 2023, le taux de nouvelles embauches est inférieur aux moyennes de 2022 et de 2017 à 2019, tandis que le taux de licenciements est similaire en 2022 et 2023, et bien en dessous de la moyenne de 2017 à 2019. 
  1. Les migrations internationales vers le Canada devraient être nombreuses, mais incertaines

La population canadienne est montée en flèche depuis le début de l’année 2022, essentiellement sous l’effet des migrations internationales, mais le rythme à venir est incertain. Alors que le gouvernement fédéral fixe des objectifs clairs pour les admissions de résidents permanents, l’augmentation récente du nombre de nouveaux arrivants est due aux détenteurs de visas de travail et d’études temporaires, pour lesquels aucun objectif n’est fixé.

Le graphique intitulé « Les migrations non permanentes à l'origine de l'augmentation de la population » présente la somme mobile de la croissance démographique canadienne sur quatre trimestres, entre janvier 2016 et juillet 2023, les contributions étant réparties entre l'immigration nette et la migration non permanente nette. La croissance démographique annuelle du Canada est passée à plus d'un million à la mi-2023, l'essentiel de cette hausse étant dû aux migrations non permanentes. 
Le graphique intitulé « Les migrations non permanentes à l’origine de l’augmentation de la population » présente la somme mobile de la croissance démographique canadienne sur quatre trimestres, entre janvier 2016 et juillet 2023, les contributions étant réparties entre l’immigration nette et la migration non permanente nette. La croissance démographique annuelle du Canada est passée à plus d’un million à la mi-2023, l’essentiel de cette hausse étant dû aux migrations non permanentes. 

L’intérêt des chercheurs d’emploi étrangers sur Indeed a augmenté parallèlement à la migration internationale. La part des clics sur les publications d’offres d’emploi canadiennes provenant de l’étranger est passée de 6 % à 14 % entre le 3e trimestre 2019 et le 3e trimestre 2023, avant de redescendre à 11 % en octobre dernier. La légère baisse enregistrée au cours des deux derniers mois pourrait signifier un ralentissement potentiel à venir. Toutefois, l’intérêt des chercheurs d’emploi étrangers reste élevé par rapport aux normes historiques, ce qui laisse supposer que l’afflux de nouveaux arrivants le restera également, du moins à court terme.

Le graphique linéaire intitulé « L'intérêt des chercheurs d'emploi étrangers a grimpé en flèche à la suite de la réouverture des frontières » montre la part des clics sur les publications d'offres d'emploi canadiennes qu'ont réalisés des chercheurs d'emploi situés en dehors du Canada, entre janvier 2018 et octobre 2023. En octobre 2023, la part des clics étrangers s'élevait à 11 %, contre 6 % quatre ans plus tôt.
Le graphique linéaire intitulé « L’intérêt des chercheurs d’emploi étrangers a grimpé en flèche à la suite de la réouverture des frontières » montre la part des clics sur les publications d’offres d’emploi canadiennes qu’ont réalisés des chercheurs d’emploi situés en dehors du Canada, entre janvier 2018 et octobre 2023. En octobre 2023, la part des clics étrangers s’élevait à 11 %, contre 6 % quatre ans plus tôt.

Les migrations internationales ont des répercussions sur l’économie et sont également touchées par elle. Les publications d’offres d’emploi au Canada ont diminué un peu plus rapidement qu’aux États-Unis et, bien que l’économie américaine ait été plus forte en général, les taux supérieurs de migration vers le Canada pourraient également aider les employeurs à pourvoir plus rapidement les postes vacants. Cependant, si la situation économique du Canada se détériore, le pays pourrait devenir moins attrayant pour les chercheurs d’emploi étrangers. Face à un contexte politique relativement fluctuant, avec notamment l’annonce du retour à une limite de 20 heures de travail hebdomadaires pour certains étudiants étrangers, et des perspectives économiques incertaines, il est difficile de prévoir la croissance de l’offre de travail au cours de l’année à venir. 

  1. Les salaires s’inscrivent dans une lutte acharnée contre l’inflation

Malgré la hausse du chômage et la diminution des occasions d’emploi, la croissance des salaires nominaux (avant inflation) au Canada a été relativement élevée en 2023. Selon les dernières moyennes trimestrielles de Statistique Canada, différents indicateurs montrent que la hausse des rémunérations horaires oscille entre 3,7 % et 4,9 % d’une année à l’autre. Par ailleurs, le suivi des salaires sur Indeed, qui mesure la croissance des salaires annoncés dans les publications d’offres d’emploi, indique une croissance moyenne de 4,4 % en glissement annuel pour la période de trois mois se terminant en octobre. Cette hausse est inférieure à celle de la mi-2022, mais reste supérieure à son rythme d’avant la pandémie.

Le graphique linéaire intitulé « La croissance des salaires reste élevée en 2023 » montre le rythme de la croissance des salaires d'une année à l'autre entre mars 2019 et octobre 2023. Les lignes de couleurs différentes représentent les rémunérations à pondération fixe de l'Enquête sur la population active, les rémunérations à pondération fixe de l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH, moyenne sur 3 mois), et le suivi des salaires publiés sur Indeed (moyenne sur 3 mois). Ces trois mesures étaient de l'ordre de 4 % en glissement annuel et, le plus souvent, supérieures à leur niveau d'avant la pandémie.
Le graphique linéaire intitulé « La croissance des salaires reste élevée en 2023 » montre le rythme de la croissance des salaires d’une année à l’autre entre mars 2019 et octobre 2023. Les lignes de couleurs différentes représentent les rémunérations à pondération fixe de l’Enquête sur la population active, les rémunérations à pondération fixe de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH, moyenne sur 3 mois), et le suivi des salaires publiés sur Indeed (moyenne sur 3 mois). Ces trois mesures étaient de l’ordre de 4 % en glissement annuel et, le plus souvent, supérieures à leur niveau d’avant la pandémie.

Les données suggèrent que le resserrement antérieur du marché du travail canadien continue de se répercuter sur le processus de fixation des salaires. L’augmentation continue des salaires pourrait également refléter un retard au niveau du rattrapage des augmentations du coût de la vie. Ce constat est particulièrement vrai dans le secteur public, où, selon l’Enquête sur la population active, la croissance des salaires s’est récemment accélérée, alors même que celle du secteur privé s’est quelque peu ralentie. 

Le graphique linéaire intitulé « La croissance des salaires du secteur public s’accélère, tandis que celle du secteur privé faiblit » illustre le rythme de croissance des salaires en glissement annuel entre janvier 2018 et octobre 2023. Les lignes de couleurs différentes représentent la croissance des salaires pour les employés du secteur privé et du secteur public, respectivement. La croissance des salaires dans le secteur public s’est accélérée dernièrement, après être restée à la traîne par rapport à celle du secteur privé au cours des trois dernières années. 

Contrairement aux salaires nominaux et après prise en compte de l’inflation, les salaires « réels » ont encore du chemin à faire pour récupérer les pertes dues à l’augmentation du coût de la vie en 2021 et en 2022. Les salaires ajustés en fonction de la composition des emplois dans l’Enquête sur la population active ont augmenté de 0,9 % en glissement annuel en octobre, après avoir baissé de 1,7 % en 2022. La comparaison des salaires réels avec leurs niveaux d’avant la pandémie dépend de la mesure de la rémunération considérée. Dans l’Enquête sur la population active, les rémunérations horaires moyennes globales sont en hausse de 2,5 % comparativement à quatre ans plus tôt. Ce résultat a été favorisé par un changement de la part des travailleurs, qui sont passés d’un emploi à faible rémunération à un emploi mieux rémunéré. Toutefois, d’autres mesures, y compris les salaires dans l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail, sont plus faibles au cours de la même période après ajustement pour tenir compte de l’inflation.

Le graphique linéaire intitulé « Croissance des salaires par rapport à l'inflation » montre le rythme de croissance en glissement annuel des rémunérations horaires moyennes nominales (ajustées en fonction de la composition des emplois), de l'indice des prix à la consommation et des salaires réels entre juillet 2018 et octobre 2023. La croissance des salaires nominaux a été légèrement plus rapide que l'inflation au cours des derniers mois, mais cette évolution fait suite à deux années de baisse en 2021 et en 2022. 
Le graphique linéaire intitulé « Croissance des salaires par rapport à l’inflation » montre le rythme de croissance en glissement annuel des rémunérations horaires moyennes nominales (ajustées en fonction de la composition des emplois), de l’indice des prix à la consommation et des salaires réels entre juillet 2018 et octobre 2023. La croissance des salaires nominaux a été légèrement plus rapide que l’inflation au cours des derniers mois, mais cette évolution fait suite à deux années de baisse en 2021 et en 2022. 

La poursuite de la croissance des rémunérations ajustées selon les prix nécessitera probablement un nouveau ralentissement de l’inflation, alors que la croissance des salaires reste élevée. Mais cette « désinflation immaculée » pourrait se révéler plus difficile à obtenir. Les conditions du marché du travail n’étant plus aussi favorables aux chercheurs d’emploi, la pression exercée sur les employeurs pour qu’ils continuent à verser des salaires élevés est moins forte. Par ailleurs, les entreprises peuvent toujours répercuter la hausse des coûts de la main-d’œuvre sur les prix. 

Dans un contexte de stagnation du PIB, l’amélioration des salaires réels en 2023 est due en partie à une reprise de la part des revenus du travail, c’est-à-dire la part du PIB (hors amortissement) consacrée à la rémunération des employés, qui a dépassé sa moyenne à long terme. En l’absence d’une croissance économique plus forte, il pourrait être plus difficile d’obtenir de nouveaux gains salariaux au détriment des marges de profit.

Le graphique linéaire intitulé « La part du travail a chuté, puis est remontée » illustre la rémunération des employés comme part du produit intérieur net nominal entre le 1er trimestre 2012 et le 2e trimestre 2023. Après avoir chuté entre 2021 et le milieu de 2022, la part des revenus du travail est remontée à 62,7 % au 2e trimestre 2023, au-dessus de sa moyenne de 60,6 % observée depuis 1961.
Le graphique linéaire intitulé « La part du travail a chuté, puis est remontée » illustre la rémunération des employés comme part du produit intérieur net nominal entre le 1er trimestre 2012 et le 2e trimestre 2023. Après avoir chuté entre 2021 et le milieu de 2022, la part des revenus du travail est remontée à 62,7 % au 2e trimestre 2023, au-dessus de sa moyenne de 60,6 % observée depuis 1961. 
  1. L’IA générative sur toutes les lèvres

La baisse de la productivité du travail est à l’origine de la récente et faible croissance au Canada. Cependant, 2023 marque également les débuts d’une technologie qui pourrait s’avérer la plus transformatrice depuis des années : l’intelligence artificielle générative, soit des outils alimentés par de grands modèles de langages, dont ChatGPT. Les effets de ces nouvelles technologies n’ont pas encore été pleinement enregistrés dans la plupart des données officielles, mais cela pourrait changer au cours de l’année à venir.

Tout d’abord, l’IA générative aura une incidence directe sur les tendances du secteur technologique lui-même. À la fin du mois d’octobre, l’IA générative était mentionnée dans 0,06 % des publications d’offres d’emploi canadiennes sur Indeed. Il s’agit d’une part minime, mais qui croît rapidement. Parmi les publications d’offres d’emploi pour les ingénieurs en apprentissage automatique, le poste par excellence dans le domaine de l’IA, 17 % mentionnaient l’IA générative. Si les emplois dans le secteur technologique commencent déjà à changer sous l’effet de cette nouvelle technologie, ses éventuelles répercussions seront considérables en raison de son applicabilité plus large dans l’ensemble de l’économie.

Le graphique linéaire intitulé « Les postes liés à l'IA générative représentent une part faible, mais croissante des offres d'emploi » montre la part des publications d'offres d'emploi canadiennes mentionnant des termes liés à l'IA générative dans leurs descriptions entre janvier 2023 et octobre 2023. À la fin du mois d'octobre, 0,06 % des publications d'offres d'emploi canadiennes mentionnaient l'IA générative, ce qui représente une augmentation rapide par rapport au pourcentage quasi nul enregistré au début de l'année 2023. 
Le graphique linéaire intitulé « Les postes liés à l’IA générative représentent une part faible, mais croissante des offres d’emploi » montre la part des publications d’offres d’emploi canadiennes mentionnant des termes liés à l’IA générative dans leurs descriptions entre janvier 2023 et octobre 2023. À la fin du mois d’octobre, 0,06 % des publications d’offres d’emploi canadiennes mentionnaient l’IA générative, ce qui représente une augmentation rapide par rapport au pourcentage quasi nul enregistré au début de l’année 2023. 

Indeed a examiné l’aptitude (ou l’inaptitude) déclarée de ChatGPT-4.0 à exécuter les compétences figurant dans 48 familles de compétences, en fonction de plus de 2 600 compétences professionnelles individuelles recensées dans des millions de publications d’offres d’emploi sur Indeed. Nous avons demandé à ChatGPT d’évaluer son aptitude (faible, moyenne, bonne ou excellente) à exécuter les compétences de chaque famille. Ensuite, nous avons regroupé les professions en trois catégories : fortement, modérément ou faiblement exposées aux changements induits par l’IA générative. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur le fait que ChatGPT a déclaré pouvoir exécuter 80 % ou plus, 50 % à 80 % ou moins de 50 % des compétences de façon « correcte » ou « excellente ». 

Dans l’ensemble, 21 % des publications d’offres d’emploi canadiennes sur Indeed en 2023 concernaient des professions fortement exposées aux changements induits par l’IA générative, notamment des postes dans les domaines de la technologie, des services juridiques et de la comptabilité. Plus de la moitié (55 %) des publications ont été jugées modérément exposées, notamment les emplois dans les secteurs de la fabrication et de la gestion. Près d’un quart (24 %) des publications d’offres d’emploi canadiennes étaient relativement peu exposées, notamment les postes dans le domaine des transports et des soins personnels. 

Le graphique à barres intitulé « L'IA générative dispose de capacités applicables à la plupart des publications d'offres d'emploi » illustre la part des publications d'offres d'emploi au Canada en 2023, regroupées en fonction de l'exposition des professions aux capacités de l'IA générative. Au total, 21 % des publications d'offres d'emploi concernaient des professions très exposées, 55 % des professions moyennement exposées et 24 % des professions faiblement exposées. 
Le graphique à barres intitulé « L’IA générative dispose de capacités applicables à la plupart des publications d’offres d’emploi » illustre la part des publications d’offres d’emploi au Canada en 2023, regroupées en fonction de l’exposition des professions aux capacités de l’IA générative. Au total, 21 % des publications d’offres d’emploi concernaient des professions très exposées, 55 % des professions moyennement exposées et 24 % des professions faiblement exposées. 

Le chevauchement notable entre les capacités de l’IA générative et les diverses compétences utilisées dans de multiples secteurs du marché du travail met en évidence le potentiel de transformation de la nouvelle technologie. Plusieurs expériences sur le lieu de travail qui intègrent des outils comme ChatGPT pour des tâches allant du codage au service à la clientèle ont permis de constater des gains d’efficacité importants et leur déploiement n’en est probablement qu’à ses débuts.

Par ailleurs, l’exposition potentielle à l’IA générative n’indique pas si une profession peut être touchée par la nouvelle technologie, ni la manière dont elle peut l’être. Dans certains cas, il est possible que l’IA générative automatise entièrement des tâches, ce qui pourrait avoir des conséquences négatives pour certains travailleurs déjà en poste, qui occupent souvent des emplois jusqu’ici épargnés par le spectre de l’automatisation. Mais dans d’autres cas, et peut-être plus souvent, les effets de l’IA générative se manifesteront plutôt par l’augmentation des emplois. Cette nouvelle technologie servira d’outil pour améliorer la productivité des travailleurs en poste, ce qui leur permettra, si tout va bien, de se concentrer sur les aspects plus humains de leur travail.

Quant à savoir si l’IA générative sera largement adoptée, à quel moment et dans quelles circonstances, cela reste une question ouverte qui dépendra notamment de l’expérimentation, de la concurrence entre les entreprises et de l’environnement réglementaire. En outre, les changements ne seront pas seulement perceptibles par leurs effets sur les employés en poste, mais aussi sur les types d’emplois que les employeurs créent (ou ne créent pas). 

Parmi les professions dans lesquelles les offres d’emploi ont le plus diminué au cours de l’année écoulée, nombre d’entre elles sont fortement exposées à l’IA générative, notamment dans les secteurs de la technologie, du marketing, de la banque et des ressources humaines. Les offres d’emploi dans ces domaines étaient généralement déjà en baisse avant l’introduction des outils fin 2022, ce qui laisse à penser que l’arrivée de l’IA générative n’a pas été le principal facteur à l’origine des baisses considérables enregistrées depuis. Néanmoins, les effets pourraient se manifester plus clairement au cours de l’année à venir, en freinant la volonté des employeurs d’embaucher pour certains emplois et en créant de la demande pour d’autres. 

Conclusion

Un environnement macroéconomique incertain plane sur le marché du travail canadien en 2024, comme au début de l’année 2023. Le climat est devenu moins favorable tout au long de l’année, sans pour autant s’assombrir, même si la croissance du PIB a stagné. La croissance des salaires s’est maintenue et l’inflation a ralenti, bien que les gains récents se heurtent encore à la perte antérieure de pouvoir d’achat. 

Toutes ces composantes, associées aux efforts d’adaptation continus de l’économie aux taux d’intérêt plus élevés, resteront au premier plan des tendances du marché du travail au cours de l’année à venir. En arrière-plan, la croissance démographique du Canada devrait rester élevée pour l’instant, ce qui stimulera à la fois l’offre de travail et certaines facettes de la demande. Toutefois, elle reste un élément imprévisible en 2024. Parallèlement, l’IA générative se manifestera de plus en plus, même si les modalités précises de cette présence sont difficiles à prévoir. 

Méthodologie

Tous les chiffres liés aux offres d’emploi dans ce billet de blogue représentent l’indice des publications d’offres d’emploi canadiennes désaisonnalisées sur Indeed et rapportées au 1er février 2020, en utilisant une moyenne mobile de 7 jours. Le 1er février 2020 est notre base de référence d’avant la pandémie. Nous corrigeons les variations saisonnières de chaque série en fonction des tendances historiques de 2017, 2018 et 2019. Chaque série, y compris la tendance nationale, les secteurs professionnels et les zones géographiques infranationales, est désaisonnalisée séparément. Cette semaine, nous avons appliqué notre révision trimestrielle, qui met à jour les facteurs saisonniers et corrige les anomalies de données. Les chiffres historiques ont été révisés et peuvent différer des valeurs initialement communiquées. Les nouvelles offres d’emploi sont des publications datant de sept jours ou moins. 

Le nombre de publications d’offres d’emploi sur Indeed, que ce soit en matière de sollicitations d’emplois rémunérés ou non rémunérés, n’est pas une indication des revenus ou des bénéfices d’Indeed, qui comprend un pourcentage important du segment de HR Technology appartenant à son entreprise mère, Recruit Holdings Co., Ltd. Les chiffres relatifs aux offres d’emploi sont fournis à titre informatif uniquement et ne doivent pas être considérés comme un indicateur du rendement d’Indeed ou de Recruit. Veuillez consulter le site Web des relations avec les investisseurs de Recruit Holdings et les déclarations réglementaires au Japon pour obtenir des renseignements plus détaillés sur les recettes générées par le segment HR Technology de Recruit.

Pour calculer la croissance des salaires à pondération fixe dans l’Enquête sur la population active, nous répartissons les microdonnées de l’enquête en question pour chacun des 43 groupes de professions en trois niveaux de longévité de poste (6 mois ou moins, de 7 à 24 mois et 25 mois et plus), puis nous recalculons les salaires moyens en une mesure corrigée de la composition, en maintenant leurs pondérations respectives constantes aux niveaux de février 2020.
Pour plus de renseignements sur la manière dont nous avons évalué le degré d’exposition des différentes professions à l’intelligence artificielle générative, veuillez vous référer à la note méthodologique.