Symptôme de l’influence grandissante d’Internet sur nos modes de vie, les objets connectés sont de plus en plus nombreux et se retrouvent dans tous les secteurs de l’économie, dans les maisons comme dans les usines. L’Idate estimait en 2015 à 42 milliards le nombre d’objets connectés dans le monde. Ce chiffre pourrait passer à 155 milliards d’ici à 2025, soit une croissance de 14 % par an.

Les entreprises ont intégré l’importance des objets connectés dans l’économie numérique. Les ESN (entreprises de services numériques), dont les consultants interviennent dans les entreprises pour mettre en place des solutions numériques, sont très demandeuses d’experts des objets connectés. Le sujet est particulièrement important en France, où beaucoup d’entreprises, majoritairement des PME, n’ont pas ou peu d’activité sur Internet. A titre d’exemple, en 2015, seulement 17 % des entreprises françaises avaient vendu des produits en ligne, contre 26 % en Allemagne ou 30 % en Irlande d’après Eurostat.

Un secteur jeune et en pleine croissance sur le marché du travail

Le nombre d’offres d’emploi publiées dans le secteur des objets connectés a ainsi connu une croissance spectaculaire en France entre 2014 et 2017 : sur les neuf premiers mois de 2017, la part des offres concernant les objets connectés dans l’ensemble des offres a été multipliée par 15 par rapport à la même période en 2014. Le secteur offre en outre des perspectives de carrière variées aux demandeurs d’emploi : la plupart des annonces concerne en effet des postes de consultant, de développeur, de chef de projet ou d’ingénieur. Le large éventail de profils recherchés s’explique par le fait qu’un objet connecté est en lui-même un concentré de savoir-faire très différents : l’appareil doit en effet être clairement identifiable sur le réseau, interactif, ergonomique, bien sécurisé ou encore autonome. D’où la nécessité d’avoir recours à des designers ou ergonomes, des experts en sécurité informatique, des ingénieurs en systèmes embarqués ou des architectes réseaux.

Localisation des offres d'emploi dans le secteur des objets connectés.

Le graphique en barres illustre le pourcentage d’offres d’emploi par région. L’axe horizontal indique les pourcentages, de 0 à 40% et l’axe vertical indique les régions, en commençant par celle au plus fort pourcentage : Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Hauts-de-France, Bretagne, Nouvelle-Acquitaine, Grand-Est, Centre-Val de Loire, Normandie, Dom-tom, Bourgogne-Franche-Comté, Corse.

Ces postes sont concentrés d’abord en Île-de-France (38 % des annonces) et dans une moindre mesure en Auvergne-Rhône-Alpes (23 %), les autres régions arrivant loin derrière. La région Auvergne-Rhône-Alpes, qui avait lancé en 2015 l’initiative « Coboteam » – un pôle de compétitivité spécialisé dans la robotique et les objets connectés – s’impose donc comme le deuxième bassin d’emploi du secteur en France. La région Occitanie, en troisième position, bénéficie de l’implantation des entreprises de l’aéronautique, dont certaines ont une expertise dans les systèmes embarqués. Les efforts de la région Pays de la Loire, qui accueille notamment la « Cité de l’objet connecté » à Angers, sont également notables, en particulier si l’on compare le nombre d’offres qu’elle affiche par rapport à celui des régions qui ont pris moins d’initiatives (Bourgogne-France-Comté, Normandie ou Centre-Val de Loire).

L’intérêt des visiteurs d’Indeed.fr pour le secteur des objets connectés a parallèlement décollé sur la période 2015-2016. En octobre 2017, le nombre de recherches concernant les objets connectés oscillait autour de 43 par million alors qu’il n’était que de 3 par million début 2015.

Intérêt des visiteurs d'Indeed.fr pour le secteur des objets connectés.

Le graphique en courbes indique sur son axe vertical le nombre de recherches par million. L’axe horizontal indique les dates, de janvier 2015 à juin 2017.

Un large spectre de compétences

Comme attendu, les compétences les plus prisées concernent la programmation : les langages généraux Java, Python et C sont les plus demandés, devant .NET et Javascript. Toutefois, des compétences plus générales sont aussi valorisées : dans 25 % des cas, l’employeur demande ainsi une bonne connaissance de la méthode de développement agile, qui est devenue une référence chez les développeurs. D’autres compétences générales comme l’apprentissage profond (« machine learning »), les systèmes embarqués ou les données massives (« big data ») apparaissent dans plus de 10 % des offres.Une bonne maîtrise des environnements informatiques les plus communs est aussi un plus : des outils tels qu’AWS, Azure, Git ou Android sont demandés dans plus d’une offre sur dix dans la plupart des cas.

Compétences les plus demandées dans le secteur des objets connectés.

Un tableau en trois parties détaille les compétences demandées, en fréquence d’occurrence dans les offres publiées sur Indeed. Compétences en programmation : Java 25 %, Python 20 %, C/C++ 19 %, Javascript 10 %, Git 10 %, .NET 8 %, node.js 6 %, R 5 %, Swift 3%, Ruby 3 %, Scala 3 %. Compétences générales : Méthode de développement agile 25 %, Machine Learning 14 %, Systèmes embarqués 14 %, Big data 10 %, Intelligence artificielle 4 %, Traitement de l’image 3 %, Programmation orientée objet 3 %, Architecture logicielle 3 %, Data science 3 %. Plateformes : Amazon web services 17 %, Azure 13 %, Android 8 %, Hadoop 5 %, Spring 5 %, Spark 5 %, Cassandra 5 %, Kafka 3 %, Docker 3 %, AngularJS 3 %.

Plus de la moitié des annonces exige un niveau au moins comparable à celui de la licence. Le salaire brut médian des annonces publiées sur Indeed.fr est de 40 000 €, ce qui est au-dessus des 35 976 € du salaire brut médian pour le secteur privé calculé par l’INSEE en 2015.

Le développement – faut-il dire la généralisation ? – des objets connectés est donc loin d’être anecdotique, pour les demandeurs d’emploi comme pour les entreprises puisqu’une étude réalisée en 2015 portant sur le marché français estime que l’augmentation de la productivité, les gains de pouvoir d’achat et les économies de temps permis par la diffusion des objets connectés pourraient permettre de créer plusieurs dizaines de milliards d’euros de valeur ajoutée. Un levier à ne pas négliger lorsque l’on sait que la croissance potentielle française est restée sous le seuil des 2 % depuis la crise de 2008.