Principaux enseignements :

  • En France, le nombre de recherche pour des emplois dans la cybersécurité a doublé depuis 2015.
  • Le domaine de la cybersécurité fait appel à un large éventail de profils : grandes écoles, masters, BTS, DUT. C’est un élément qui singularise le secteur, tout comme le niveau des salaires, supérieur à la moyenne, y compris par exemple celle du milieu de la finance.
  • Rennes et sa région confirment leur titre de pôle d’excellence français dans le secteur : 20 % des postes dans la cybersécurité sont localisés en Ille-et-Vilaine.

Alors que plus de 80 % des entreprises françaises ont été ciblées par des attaques informatiques en 2016, principalement par le biais de rançongiciels (« ransomware »), et que les enjeux touchant le respect de la vie privée des particuliers deviennent de plus en plus importants, le secteur de la cybersécurité a le vent en poupe. Une tendance qui se confirme sur le marché de l’emploi.

Comme nous le soulignions dans un précédent rapport, le nombre d’annonces non pourvues dans la cybersécurité dépasse 50 % de la demande totale sur le marché français. Nos données font cependant état d’un intérêt croissant de la part des demandeurs d’emploi en France, tout comme en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux États-Unis.

Un intérêt croissant des candidats pour la cybersécurité

La part des recherches portant sur le secteur de la cybersécurité en France a plus que doublé en deux ans, passant de près de 40 recherches par million à plus de 80 par million. Cette augmentation de 151 % relativement constante sur deux ans reste néanmoins inférieure à celle enregistrée au Royaume-Uni (+ 230 %) ou en Allemagne (+ 277 %) mais elle est supérieure à celle des États-Unis (+ 103 %).

Intérêt des candidats pour la cybersécurité

Le graphique illustre la courbe de tendance en millions de recherches sur Indeed.fr. L’axe vertical indique une échelle de 0 à 120. L’axe horizontal indique les dates, de mars 2015 à juin 2017. La source des données est Indeed.

Le Royaume-Uni et les États-Unis sont deux pays qui ont intégré très tôt les problématiques de cybersécurité dans leur architecture de sécurité nationale. Dans le cas de l’Allemagne, l’augmentation des recherches dans ce domaine est significative à partir du mois de mai dernier. C’était le début de la campagne électorale, alors que les craintes sur de possibles attaques ou opérations de déstabilisation similaires à celles observées quelques mois plus tôt aux États-Unis ou en France, étaient les plus vives.

La France a encore du chemin à parcourir. Aux États-Unis, les recherches portant sur la cybersécurité sur le site Indeed.com représentent près de 450 recherches par million et de 220 au Royaume-Uni pour Indeed.co.uk, soit respectivement plus de 5 et 2 fois plus. La montée en puissance des initiatives publiques, comme les réserves de cyberdéfense, devrait permettre de mieux faire connaître le secteur et ses avantages en termes de formation et d’emploi.

Des salaires élevés et un large éventail de profils

Le principal élément distinctif de la cybersécurité par rapport aux autres secteurs proposant des salaires élevés – la finance par exemple que nous prendrons ici comme point de comparaison – tient aux profils des candidats, qui se caractérisent par leur diversité.

Ainsi, dans le domaine de la finance, plus de 54 % des candidats déclarent avoir un master ou un équivalent bac+5 et 9 % affirment avoir un MBA. Pour ce qui concerne la cybersécurité, les détenteurs d’un master ne sont « que » 23 %. Ils sont 13 % à avoir un diplôme d’ingénieur et 13 % à détenir une licence. Ce qui retient l’attention est l’intérêt des détenteurs d’un DUT ou d’un BTS pour le secteur : ils représentent respectivement 11 % et 7 % des profils ayant des compétences en cybersécurité.

Ces profils variés reflètent les compétences diverses nécessaires pour travailler dans la cybersécurité : des compétences techniques en programmation, en cryptographie, en architecture des réseaux, mais aussi en communication interne ou en intelligence économique.

Car si, comme dans la finance, la majorité des salaires se situe au-dessus de 40 k€, le nombre d’annonces en cybersécurité sur Indeed.fr dont le salaire est inférieur à 40k€ ne représente que 27 % du total des offres du secteur, contre 38 % pour la finance. La part des salaires au-dessus de 40 k€ est donc, de façon symétrique, plus grande dans la cybersécurité ; celle des salaires supérieurs à 100 k€ est même quatre fois plus importante.

Répartition des salaires dans la cybersécurité et la finance

Le graphique en barres précise les salaires sur l’axe vertical, en quatre tranches de salaires : de 0 à 40 000 €, de 40 à 50 000 €, de 50 à 100 000 €, 100 000 € et plus. L’axe horizontal indique les pourcentages, de 0 à 40% en incréments de 5. Les barres représentent la cybersécurité et la finance. La source des données est Indeed.

Un exemple réussi de décentralisation

La cybersécurité nous offre par ailleurs un bel exemple de décentralisation réussie puisque le département qui compte le plus d’annonces postées sur le site Indeed.fr est l’Ille-et-Vilaine avec 20 % du total. Après la création en décembre 2016 du « pôle d’excellence Cyber » à Rennes, regroupant les grands acteurs du secteur (entreprises, centres de recherches, universités), ce département confirme son statut de territoire d’excellence dans ce domaine. Plus de 90 % des postes explicitement désignés comme étant en cybersécurité en Ille-et-Vilaine sont proposés par des administrations publiques, au premier rang desquelles la Délégation générale pour l’armement (DGA).

Paris n’est cependant pas en reste puisque la capitale arrive juste derrière avec 18 %. On y trouve des annonces provenant de société de conseil (ACENSI, Sogeti) de spécialistes de la cybersécurité (CybelAngel, Adeptis) et des administrations publiques (ANSSI, ministère des Armées). Avec les départements voisins et notamment les Hauts-de-Seine, la région Île-de-France reste en première position au classement des régions.

La bonne place d’autres départements (Haute-Garonne, Rhône et Bouches-du-Rhône) montre que les entreprises établies dans les grandes villes de province (Airbus, Thales, Continental ou Siemens notamment) s’approprient la culture de la cybersécurité.

Nombre d'annonces dans le domaine de la cybersécurité sur Indeed.fr

Une carte de la France illustre le nombre d’annonces par département. Ille-et-Vilaine : plus de 250. Haute-Garonne, Hauts-de-Seine, Paris et Yvelines : de 100 à 250. Rhône : de 50 à 100. Bouches-du-Rhône : de 25 à 50. Alpes-Maritimes, Côtes-d’Armor, Essone, Hérault, Isère, Nord, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise, Var : de 5 à 25. Tous les autres départements ont un nombre d’annonces inférieur à 5. La source des données est Indeed.


thodologie :

L’intérêt des demandeurs d’emploi pour la cybersécurité est mesuré par les recherches qu’ils font sur le site Indeed.fr, à partir d’un appareil fixe ou mobile, contenant les mots clés « cyber », « cybersécurité », « cyberdéfense » et « cryptographie ». Le volume obtenu est ensuite rapporté au volume total. 

Les données sur les diplômes sont extraites de la base CV anonymisée d’Indeed. Afin de sélectionner l’ensemble des candidats potentiels, nous spécifions les mots clés suivants :« cryptographie », « programmation » et « réseaux » pour la cybersécurité et « finance » pour la finance, obtenant respectivement 2 285 profils et 944 profils.

Enfin les données sur les salaires et la localisation géographique sont issues de notre base d’offres d’emploi, en utilisant les mots clés « cybersécurité », « cyberdéfense» et «cryptographie ».