Focus : les jeunes et l’emploi, une amélioration en trompe-l’oeil ?

Dans le sillage de la pandémie, le dispositif « 1 jeune, 1 solution » est venu compléter la myriade de d’autres dispositifs existants pour l’insertion professionnelle des jeunes (garantie jeunes, accompagnement intensif des jeunes, contrat unique d’insertion/contrat d’insertion en entreprise, insertion par l’activité économique, etc.), en plus de l’apprentissage.

Ce graphique en courbe figure l’évolution de la proportion des jeunes de 15-29 ans ni en emploi ni en formation du premier trimestre 2014 au troisième trimestre 2022, selon l’Insee.
Ce graphique en courbe figure l’évolution de la proportion des jeunes de 15-29 ans ni en emploi ni en formation du premier trimestre 2014 au troisième trimestre 2022, selon l’Insee.

À première vue, l’effort semble avoir payé puisque la part des 15-29 ans ni en emploi ni en formation continue est à un plus bas de 8 ans (11,6 % au troisième trimestre). De surcroît, le taux d’emploi des 15-24 ans augmente de 5,1 points depuis fin 2019, beaucoup plus que les autres classes d’âge (+0,6 point seulement pour les 25-49 ans). Le taux de chômage des jeunes baisse ainsi de 3,3 points par rapport à fin 2019. Cette baisse est très inégalement répartie, puisque le taux de chômage des jeunes femmes baisse de 6,5 points contre 0,6 point seulement pour celui des jeunes hommes.

Pour autant, le taux de chômage des 15-24 reste très élevé à 18,3 %. Depuis 2003, il a tendance à osciller entre 2,5 et 3 fois le taux de chômage des 25-49 ans. Après une brève incursion sous cette bande au quatrième trimestre 2021, il se situait au troisième trimestre 2022 à 2,8 fois le taux de chômage des 25-49 ans.

Dans un contexte d’inflation élevée qui affecte le pouvoir d’achat des plus vulnérables, et en particulier de nombreux jeunes, et de changement de rapport au travail sur fond de démotivation des plus jeunes, les employeurs comme les responsables publics ne doivent pas relâcher leurs efforts pour réconcilier jeunesse et emploi. 

Un marché du travail toujours en tension, mais tributaire des marchés énergétiques sur les prochains mois

Avec un taux de chômage quasi stable sur le troisième trimestre (7,3 %), le marché du travail français présente les conditions les plus favorables pour les candidats depuis le premier trimestre 2008, juste avant la grande crise financière. La part des personnes en emploi désirant travailler plus (sous-emploi) est, à 4,5 %, son plus bas niveau depuis 1992. 

Non comptabilisées dans les chiffres du chômage, les personnes qui souhaitent travailler sans être disponibles ou effectuer des recherches actives (halo) représentent cependant toujours 4,4 % de la population en âge de travailler (15-64 ans), soit son niveau d’avant la pandémie. Au deuxième trimestre 2008, le halo ne représentait que 3,5 % des 15-64 ans.

Le taux d’emplois vacants se maintient au niveau historiquement élevé de 2,5 %. À son plus bas au deuxième trimestre 2009, il était de 0,4 %. Les créations d’emplois dans le privé se sont poursuivies au troisième trimestre, en hausse de 0,4 % (soit 89 400 postes), y compris dans l’industrie (+0,4 %, 12 500 postes), dont certaines composantes sont très sensibles aux prix de l’énergie.

La poursuite de cette dynamique sur le marché du travail dépendra pour une large part de l’évolution de la conjoncture. Or le resserrement des conditions de financement et l’incertitude macroéconomique pèsent fortement sur la demande. L’indice PMI S&P Global Flash composite de l’activité globale ressort à 48,8 en novembre (contre 50,2 en octobre), signalant un repli de l’activité économique. 

Encore plus d’annonces sur Indeed, augmentation des tensions de recrutement dans la pharmacie et la puériculture

Le volume d’offres d’emploi était de 61,4 % supérieur à son niveau de référence pré-pandémie du 1er février 2020 au 18 novembre 2022, en hausse par rapport à notre point du mois dernier (+1,1 point). Le volume d’annonces sur Indeed France atteint ainsi un nouveau plus haut post-pandémique. Les évolutions par pays et par catégorie de métier sont disponibles sur ce lien permanent. Les salaires dans les offres d’emploi augmentent de 5,2 % sur un an, un rythme inférieur à l’inflation. C’est pour l’instant un phénomène que l’on observe partout en Europe de l’ouest, comme le montre notre baromètre de l’évolution des salaires.

Ces évolutions des volumes d’annonces affectent le rapport de force entre candidats et recruteurs. Les clics par annonce relatifs, c’est-à-dire corrigés de la tendance générale (voir la méthodologie en fin d’article), baissent fortement par rapport au 1er février 2020 dans les métiers de l’immobilier, des soins personnels et médicaux à domicile, le commerce de détail, le nettoyage et l’assainissement ou la puériculture, signe que l’intérêt des candidats ne suit pas l’accroissement du volume d’offres et que donc la « tension » sur ces métiers s’accroît. À l’inverse, les métiers de l’informatique (support et administration système et réseaux), des médias et de la communication, des services juridiques ou du transport routier affichent des progressions de clics par annonce. 

Sur le dernier mois, les tensions de recrutement se sont particulièrement accrues dans la pharmacie, la puériculture ou les médias et la communication. Les clics par annonce relatifs ont en revanche augmenté dans le transport aérien, l’agriculture et la foresterie, la comptabilité, l’hôtellerie-tourisme ou le développement informatique.

Ces tableaux illustrent la modification, relativement à la moyenne, du rapport de force entre candidats et recruteurs depuis le début de la pandémie selon les métiers par les clics par annonce relatifs sur Indeed au 18 novembre 2022.
Ces tableaux illustrent la modification, relativement à la moyenne, du rapport de force entre candidats et recruteurs depuis le début de la pandémie selon les métiers par les clics par annonce relatifs sur Indeed au 18 novembre 2022. Les tableaux à gauche indiquent les métiers pour lesquels les clics par annonce relatifs baissent le plus fortement, avec la variation sur les deux dernières semaines, sur un an glissant et par rapport au 1er février 2020. Les tableaux à gauche listent ces mêmes indicateurs pour les métiers dans lesquels les clics par annonce relatifs augmentent le plus. Les données, corrigées des variations saisonnières, proviennent d’Indeed.

Méthodologie

Les taux de chômage, d’activité, ou d’emploi proviennent de l’Insee. Le taux d’emplois vacants est fourni par la Dares.

Les chiffres sur les données d’Indeed correspondent à l’évolution en pourcentage du volume d’offres d’emploi (corrigé des variations saisonnières et lissé avec une moyenne mobile sur sept jours) depuis le 1er février 2020 (notre référence pré-pandémie). Les variations saisonnières de chaque série sont corrigées en fonction des tendances historiques de 2017, 2018 et 2019. Chaque série (nationale, sectorielle ou régionale) est désaisonnalisée séparément. Cette méthodologie, adoptée en janvier 2021, est utilisée pour déclarer toutes les données historiques, qui peuvent donc s’écarter de manière significative des valeurs déclarées avant janvier 2021. Les séries de données sont téléchargeables sur GitHub.

Le taux de clics par annonce relatif permet d’évaluer l’évolution de l’intérêt des chercheurs d’emploi pour une catégorie de métiers, par rapport à la tendance nationale et à la référence pré-pandémie du 1er février 2020. Le taux de clics par annonce relatifs est le quotient du nombre moyen de clics par offre d’emploi pour chaque catégorie de métiers par rapport à la référence pré-pandémie, et du nombre total de clics par offre d’emploi par rapport à la référence pré-pandémie.
Le nombre d’offres d’emploi publiées sur Indeed.com, pour des emplois rémunérés ou non, ne présage pas des revenus ou des bénéfices potentiels d’Indeed, qui constituent une proportion importante du segment « HR Technology » de sa société mère Recruit Holdings Co., Ltd. Le nombre d’offres d’emploi est fourni à titre d’information uniquement et ne doit pas être considéré comme un indicateur de performance d’Indeed ou de Recruit. Veuillez vous reporter au site web des relations avec les investisseurs de Recruit Holdings et aux documents réglementaires déposés au Japon pour obtenir des informations plus détaillées sur la génération de revenus du segment « HR Technology » de Recruit.