La comparaison des flux de nouvelles offres avant, pendant et après la crise permet de mettre en évidence la progression des métiers de la propreté, de l’hygiène et les services à la personne, alors que l’industrie décline. Si le secteur de la propreté « bénéficie » directement de la situation sanitaire, l’essor des services à la personne s’inscrit quant à lui dans une tendance plus large d’évolution des modes de vie et d’organisation des foyers que la pandémie aura contribué à accélérer.
Comme nous le soulignons lors de nos point réguliers concernant le marché du travail dans la crise, le flux de nouvelles offres d’emploi est revenu au niveau des années précédentes, après avoir touché un point bas le 19 avril, au milieu du confinement. Le flux global de nouvelles offres comptabilisées sur Indeed n’était alors qu’à 32 % de son niveau du 1er février, date que nous prenons comme référence depuis le début de la crise.
Au-delà des évolutions hebdomadaires, la comparaison sur plusieurs semaines de la décomposition en familles de métiers de ce flux d’offre apporte des enseignements éclairants. depuis le point bas du 19 avril, l’augmentation des nouvelles annonces dans le secteur de la propreté et de l’hygiène et de la garde d’enfants est particulièrement notable. Ces deux secteurs ont vu leur part dans le total augmenter de plus de 3 points de pourcentage. À l’inverse, les soins infirmiers affichent une baisse de plus de 5 points, aisément explicable par les besoins très importants dans le secteur alors que la première vague sévissait ; une évolution en miroir de celle du secteur de la restauration, qui effectue un rebond par rapport à une période où les restaurants étaient sous le coup d’une obligation de fermeture administrative pour juguler la pandémie. Les métiers de la vente et du transport ont également vu leur part augmenter dans le total des offres.
La crise du coronavirus a contribué à accélérer la transformation du marché du travail français. En effet, en comparant les flux de la fin août 2020 avec ceux de la fin août 2019 pour tenir compte de la saisonnalité, la propreté et l’hygiène et les services à la personne (garde d’enfants, soins personnels et à domicile en particulier) sont les secteurs qui affichent la plus forte progression dans la part des nouvelles offres d’emploi. L’enseignement et la formation affiche un recul très important (3,2 points de pourcentage sur l’année, et 1,2 point depuis le 19 avril). Les postes dans l’industrie (production et fabrication et ingénierie industrielle) reculent également sur l’année. Les fonctions de comptabilité et management résistent en revanche plutôt bien sur l’année, alors qu’elles avaient fortement reculé pendant le confinement. Ce n’est pas le cas pour les services administratifs ou les ressources humaines, qui voient leur importance s’effriter.
Pour l’instant, la propreté et l’hygiène et les services à la personne apparaissent donc comme les grands gagnants de la crise, alors que l’enseignement, la formation et l’industrie voient leur part dans les offres reculer. Gageons que pour ces derniers secteurs, le plan de relance de l’économie parviendra à inverser la tendance.
Méthodologie
Pour mesurer l’évolution des nouvelles offres d’emploi, définies comme des annonces publiées sur le site français d’Indeed depuis sept jours ou moins, nous avons calculé la moyenne mobile sur sept jours du nombre d’offres d’emploi sur Indeed.fr. Nous avons comparé cette moyenne mobile sur trois périodes : le 28 août 2019, le 19 avril 2020 et le 28 août 2020.
Le point bas du cycle de recrutement, le 19 avril 2020, reflète à la fois le plus faible volume de nouvelles offres d’emploi et l’écart le plus important entre la tendance de cette année et celle de l’année dernière.
L’analyse sectorielle est déterminée en calculant la part des nouvelles offres d’emploi pour chaque secteur et sur chaque période.