Focus : l’augmentation de l’emploi des seniors, conséquence du repoussement de l’âge légal

Le projet de réforme des retraites repose la question de l’emploi des « seniors », la France affichant un taux d’emploi des 55-64 ans à 56,0 % en 2021, très inférieur à l’Allemagne (76,9 %) et inférieur à la moyenne de l’Union européenne (60,5 %).

Malgré les difficultés rencontrées par les seniors sur le marché du travail, leur taux d’emploi est en augmentation constante depuis 2010, sous l’effet des réformes successives des retraites. Ainsi, la réforme Woerth de 2010 avait augmenté à la fois l’âge minimum légal (à 62 ans), de l’âge du taux plein (à 67 ans) et la durée de cotisation pour le taux plein (à 41,5 ans pour la génération 1956) et la réforme Touraine de 2014 avait porté cette dernière durée à 43 ans à partir de la génération 1973. 

Ce graphique en courbes figure l’évolution des taux d’emploi rebasés des 15-24 ans, 25-49 ans, 50-64 ans et 55-64 ans depuis le premier trimestre 2003 jusqu’au quatrième trimestre 2022, selon l’Insee.
Ce graphique en courbes figure l’évolution des taux d’emploi rebasés des 15-24 ans, 25-49 ans, 50-64 ans et 55-64 ans depuis le premier trimestre 2003 jusqu’au quatrième trimestre 2022, selon l’Insee.

Le vieillissement de la population active représente par ailleurs une tendance de long terme qui incitera les entreprises à mieux intégrer les seniors. Le taux d’emploi des seniors devrait donc pour longtemps encore conditionner les évolutions du taux d’emploi global. 

Un marché du travail toujours sous tension, mais toujours tributaire de l’évolution de la conjoncture

Avec un taux de chômage quasi stable sur le quatrième trimestre (7,2 %), le marché du travail français présente toujours les conditions les plus favorables pour les candidats depuis le premier trimestre 2008, juste avant la grande crise financière. Non comptabilisées dans les chiffres du chômage, les personnes qui souhaitent travailler sans être disponibles ou effectuer des recherches actives (halo) représentent cependant 4,5 % de la population en âge de travailler (15-64 ans), soit son niveau du quatrième trimestre 2018. Au deuxième trimestre 2008, le halo ne représentait que 3,5 % des 15-64 ans. La part des jeunes ni en emploi ni en formation (12,5 % au quatrième trimestre) repasse en outre au-dessus de son niveau d’avant crise (12,2 % au quatrième trimestre 2019).

Le taux d’emplois vacants reflue légèrement à 2,3 % contre 2,5 % au troisième trimestre. À son plus bas au deuxième trimestre 2009, il était de 0,4 %. Les créations d’emplois dans le privé marquent le pas au quatrième trimestre, en hausse de seulement 3 000 postes. Les services hors intérim affichent une destruction nette de 11 400 emplois.

Le marché du travail reste pour une large part tributaire de l’évolution de la conjoncture. D’après la Banque de France, le nombre de faillites d’entreprises continue d’augmenter, mais reste en deçà du niveau pré-pandémique. Or le resserrement des conditions de financement et l’incertitude macroéconomique pèseront fortement sur la demande. En attendant de pouvoir mesurer l’impact des prochaines décisions de la BCE, l’indice PMI S&P Global Flash composite de l’activité globale ressort à 51,6 en février (contre 49,1 en janvier), signalant un retour de l’expansion économique, tirée par le secteur des services.